Après dix années comme PDG des deux groupes, c’est maintenant une évidence reconnue et plus d’un média en a fait le constat :

« Dire que Carlos Ghosn a privilégié une entreprise plutôt qu’une autre est évidemment très difficile à démontrer. Et on ne peut pas reprocher au PDG, qualifié de sauveur au Japon, d’avoir si bien réussi chez Nissan. Il n’en reste pas moins que, à en juger par les simples faits objectifs, si Carlos Ghosn a bien géré la firme nippone, on ne peut en dire autant de son travail chez Renault, en panne de croissance et dont les positions commerciales s’affaiblissent face à ses principaux concurrents depuis une dizaine d’années sur son marché intérieur »

Le projet « convergence » la dernière étape dans l’évolution de l’Alliance ;
Cette phrase du document de référence de l’assemblée générale des actionnaires Renault du 30 avril 2015 ne laisse aucune ambiguïté sur l’avenir de Renault : Carlos Ghosn parachève ainsi la mutation de l’Alliance, en la faisant passer d’un groupe industriel à un outil commercial. Nous assistons bien à la création d’une holding, dans laquelle se dissout le groupe au losange.

L’AVENIR POUR RENAULT EST SANS CARLOS GHOSN

La présentation au vote de l’assemblée générale des actionnaires de la résolution 12, soutenue par le PDG de Renault, est un encouragement à la spéculation sur le titre de ce groupe. Cette attitude est inadmissible. C’est un acte d’incivisme qui s’accompagne d’une manœuvre dilatoire, le terme de trahison pourrait être plus proprié, qu’est l’appel au « partenaire Nissan » pour la réaliser. Ce coup de force présente au moins l’avantage d’étaler au grand jour la stratégie de Carlos Ghosn qui est celle de faire de l’Alliance « Un outil commercial pragmatique et flexible, à même d’évoluer et d’intégrer de nouveaux projets et partenaires dans le monde entier ».
En conflit avec son actionnaire principal, Carlos Ghosn doit en tirer les conclusions qui s’imposent : son départ de l’Entreprise. Mais en tant qu’actionnaire l’État doit lui aussi prendre ses responsabilités : Carlos Ghosn ne peut plus être le PDG de Renault !
Reconstruire le groupe Renault : une exigence Renault possède une participation dans Nissan. Pour reconstruire un groupe automobile, l’emploi des ressources issues de cette participation doit être envisagé. Le constructeur peut aussi utiliser ses capacités d’emprunt. Ces solutions qui s’offrent à Renault ont leurs avantages et leurs inconvénients, elles n’ont pas la même signification politique, la vente d’actions Nissan n’est pas neutre, mais la poursuite de l’alliance dans sa forme actuelle doit être discutée.

Dans l’immédiat, le groupe Renault doit investir dans le développement de modèles positionnés dans les segments les plus en vogue – cross over, berline, etc. — et reconstruire un outil industriel pour conformément à l’Alliance redevenir un constructeur autonome et réfléchir à une autre stratégie que celle d’une nissanalisation promise par Carlos Ghosn.
La confrontation sur la résolution 12, si elle ne produit pas le débat sur l’orientation de l’Alliance laisserait les mains libres à Carlos Ghosn. Tant pour le constructeur japonais que pour le constructeur français, la question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir ce qui restera de leur influence respective dans le futur ensemble.

Si la confrontation n’a pas lieu, si la puissance publique et ses représentants la refusent et si les organisations syndicales ne prennent pas leurs responsabilités, que restera-t-il de Renault, sinon une banale sous-marque d’une holding internationale ?
Au-delà du sauvetage d’une entreprise emblématique, il serait temps que la France s’engage dans une véritable politique industrielle.

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