FIN de PARTIE

Exit Monsieur Carlos Ghosn PDG de Renault. Les mises en cause répétées du PDG de l’alliance, pour des faits délictueux au détriment de Nissan ne permettent plus au conseil d’administration de Renault de se servir de la présomption d’innocence. La page doit être tournée. Sauf énième renversement de situation, l’histoire de Renault et de Nissan avec Carlos Ghosn appartient au passé, sur le plan industriel, au niveau judiciaire c’est autre chose.

La prudence s’impose : dans l’affaire des espions, en 2011, 3 salariés de Renault ont fait les frais d’un jugement pour le moins hâtif du même Carlos Ghosn. On peut avoir demandé en 2011 sa démission et à différentes reprises émis des doutes sur sa gouvernance pour exprimer le souhait que Monsieur Ghosn ne soit pas condamné par avance et qu’il puisse préparer sa défense.

En garde à vue à Tokyo depuis le lundi 19 novembre, le PDG de l’alliance doit répondre dans deux affaires distinctes. L’une est relative à des déclarations fiscales erronées. L’autre pour « abus de bien social » : il aurait fait rembourser par Nissan des dépenses personnelles et ce depuis plusieurs années. En langage d’initié le « cost killer » aurait utilisé la trésorerie de la société dont il était le PDG, comme fonds de roulement à des fins personnelles… Ce qui est pour le moins inadmissible et condamnable pour quelqu’un qui avait fait du « free cash flow » l’alfa et l’oméga de sa stratégie.

Le comportement de « l’imperator » interpelle tellement il paraît invraisemblable : insouciance, légèreté, autosuffisance, égo démesuré, perte de la réalité, addiction à l’argent au pouvoir ? Avait-il si peu confiance dans le contrôle de gestion de Nissan pour avoir agi ainsi ? On se perd en conjectures, on reste confondu devant l’amateurisme d’un homme par ailleurs premier vendeur de voitures de la planète. En face ils ont fait fort !

Derrière ce qui peut-être qualifié de vol à l’étalage, il y a la configuration que pourrait prendre l’alliance. Sans perdre de temps des actionnaires de Nissan exigent une redéfinition des participations croisées entre Nissan et Renault. Ils trouvent des oreilles attentives y compris chez nous. L’immatriculation de l’Alliance aux Pays-Bas, avant d’être une opportunité fiscale, a permis pendant vingt ans d’éluder un problème de fond celui de la nationalité et donc la répartition du capital de l’Alliance. Or qu’on le veuille ou non ni Nissan, ni Renault ne veulent céder sur ce point. Nous avons payé pour voir et entendre Monsieur Ghosn faire de belles déclarations sur les dangers d’une fusion et la mettre en œuvre avec les fonctions convergées.

C’est le bon moment pour réclamer un inventaire des vingt ans de gouvernance de Carlos Ghosn. Ce bilan devrait faire la clarté sur les différents accords régissant l’alliance, dont certains sont « secrets ». Un balayage sur la transformation de RNBV devenu aujourd’hui le centre de gestion serait bien utile. Les difficultés que nous rencontrons et les prétentions de notre partenaire doivent nous alerter sur la nécessité de garder au sein de l’entité Renault la maîtrise de l’outil industriel. La mise à l’écart de celui qui fut le PDG ouvre la boîte de Pandore. Le problème est double il s’agit tout à la fois pour Renault de garder le contrôle des directions opérationnelles en particulier de la filiale de R&D et des sites de fabrication ; en parallèle avec le problème de l’équilibre capitalistique entre les deux constructeurs. La discussion ne doit pas simplement se localiser sur une modification des participations croisées, mais également sur le fonctionnement mis en place par C Ghosn. Ne traiter que du premier point c’est jouer la veuve de Carpentras. A l’inverse s’arrêter sur le fonctionnement serait donner les clés de la maison. .

Ce bilan doit nous permettre de jauger de la sincérité de Nissan (de leur point de vue l’inverse est vrai). Il vaut mieux une séparation négociée qu’un rabibochage, par définition, tordu. Il ne faut pas se voiler la face c’est bien de la disparition de Renault dont il est question.

Par ailleurs, la gouvernance de l’entreprise doit être revue, le conseil d’administration a failli, que des fantômes aucune intervention, aucune question pendant l’assemblée générale…. Dernier point en cette période de vœux : que l’Etat se dote d’une véritable stratégie industrielle, mais ça …

Claude PATFOORT le 17 janvier 2019

Contact : claude.patfoort@Orange.fr & http://www.renew-srta.fr/blog

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